Selon le ministre de la Santé, Faouzi Mehdi, le secteur de la santé a besoin actuellement de 3 mille cadres médicaux et paramédicaux pour faire face à la pandémie de coronavirus.
Mais, déjà un coup de semonce a été donné par le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt), Noureddine Taboubi, qui a indiqué que 800 médecins ont quitté le pays en 2018, que 900 autres médecins ont fait de même en 2019, et que 2.700 mettraient les voiles en 2022, augmentant davantage le déficit d’un secteur souffrant déjà de l’exode de 1.500 médecins.
Cette émigration aggrave la crise du secteur de la santé publique étant donné l’absence de recrutement des médecins pendant les années 2017 et 2018.
En effet, la situation socioéconomique précaire, la chute du dinar et la dégradation du climat d’investissement, ainsi que l’insécurité, restent les principaux facteurs qui favorisent la fuite des cerveaux en Tunisie.
Pour les médecins, à l’infrastructure délabrée, à la pénurie de médicaments et au manque cruel d’équipements médicaux, ainsi qu’aux conditions de travail souvent exécrables, s’ajoutent également le déficit financier des établissements de santé publique et la détérioration de la situation des caisses sociales.
C’est que la dégradation de la situation de la santé publique, notamment sa marginalisation au profit du secteur privé, a poussé des milliers de médecins à quitter le pays tous les ans. A titre d’exemple, 45% des jeunes médecins parmi 400 inscrits en 2017 au Conseil de l’Ordre des médecins en Tunisie ont quitté le pays. Un phénomène qui s’étend jusqu’aux étudiants en médecine à l’étranger dont 55% refusent de rentrer au pays.
Il est à rappeler, dans ce contexte, les propos de l’ancien ministre de la Santé, Imed Hammami, qui a exprimé son inquiétude face à la fuite des cerveaux qui plombe le secteur. Il a, dans ce sens, avoué que l’Etat est dans l’incapacité de retenir les médecins, notamment les seniors, qui représentent 16% des médecins de la santé publique. Quant aux juniors, il a indiqué que certaines mesures pourraient être appliquées, qui imposeraient aux jeunes médecins de travailler au moins trois ans dans leur pays d’origine avant de s’expatrier.
Mais malgré ces chiffres alarmants, la pénurie pourrait être évitée grâce à une simple réhabilitation du secteur, à l’amélioration du dispositif sanitaire et à l’augmentation de la capacité d’accueil des facultés de médecine dans notre pays.